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Le clou de Djeha

 

Au Maroc, et plus largement dans le Maghreb, on raconte volontiers l'histoire du "clou de Djeha" chaque fois que l'on veut souligner l'absurdité d'une situation ; quelquefois, c'est vrai la réalité dépasse la fiction : Moha nous racontait comment, par le jeu des héritages, un homme pouvait être proprietaire d'un palmier planté au milieu du champ du voisin ; cette histoire de Djeha est un petit clin d'oeil à Moha, de Zouala, à Hassan de Hassilabiad, et à M'hammed, de Safi, qui tout trois la connaissent et la racontent volontiers...

Le livre de Jean Coué (Editions Rageot, 1993) nous fera mieux connaître ce personnage haut en couleur qui incarne merveilleusement la malice et l'humour.


Un jour, Djeha n'a plus d'argent. il décide de vendre sa maison. Quelqu'un veut l'acheter, alors Djeha lui dit:
- "Je vends ma maison, mais dans cette maison, il y a un clou, planté dans un mur. Ce clou, je ne le vends pas, il est à moi. Et tu n'as pas le droit de l'enlever ni de l'enfoncer.
- "D'accord dit l'acheteur. j'achète la maison."

Et tous les deux vont chez le notaire pour signer la vente. Sur le papier, le notaire écrit que le clou qui est dans le mur ne peut être ni enlevé ni enfoncé.

Quelques jours plus tard, Djeha trouve un vieux cheval mort, jeté dans la rue. il donne de l'argent à des gens et leur dit:
- "Allez porter ce cheval mort devant la porte de la maison de Djeha."

Quand ils l'ont porté, Djeha frappe à la porte et dit aux gens de la maison:
- "Je veux accrocher ce cheval à mon clou!"
- "Quoi, mais tu est fou! Cette maison est à nous!"
- "Cette maison est à vous mais le clou est à moi." répond Djeha.
- "Mais il est mort ton cheval, et déjà il sent mauvais."
- "Le clou est à moi", répète Djeha. "Allons chez le cadi."

Djeha et l'acheteur vont chez le cadi.
- "Montre-moi le papier écrit au moment de la vente", dit le cadi. Djeha montre le papier; le cadi le lit.
- "C'est vrai", dit le cadi, "le clou est à Djeha. Il peut faire ce qu'il veut avec."
- "Mais, monsieur le cadi", dit l'acheteur, "aujourd'hui, nous avons un mariage chez nous. Cet homme apporte un cheval mort et qui sent mauvais et il veut l'accrocher au clou."
- "tu as signé le papier", répond le cadi. "Il est trop tard."
- "Monsieur le cadi", dit l'acheteur, "c'est d'accord. Je laisse toute la maison à cet homme. Je lui demande seulement qu'il nous laisse finir la fête chez nous et après je lui donnerai la clef."

C'est ainsi que Djeha a retrouvé sa maison...

Version imprimable | A lire ou à voir | Le Mardi 24/07/2007 | 0 commentaires | Lu 706 fois