Histoire d'hommes:
Les gens de la province d'Errachidia (le grand Tafilalet) ont passé un pacte avec le temps qui, ici, prend un autre rythme et entretient des relations singulières avec les choses et avec les hommes, en nourrissant doucement leur mémoire. Il a aussi cette particularité d'être à portée de la main. Si le temps file ailleurs, ici, il tisse les liens des gens avec leur mémoire, cette terre qui les fait et qu'ils façonnent. la chronologie n'est pas linéaire; Le passé est encore présent partout dans les gestes, dans les choses et dans les lieux, dans la parole des anciens et jusque dans les jeux des enfants.
Nous n'avons pas ici, comme cela existe ailleurs, des monuments en dehors du mausolée de Moulay Ali Chérif, ancêtre de la dynastie Alaouite à Rissani, pour signifier des échantillons de notre mémoire, ni de véritable musée pour mettre des bribes de notre patrimoine en boite. Ici le musée est partout et le passé flirte avec le présent qui engendre notre avenir. Nos maisons, nos ksours , nos habits et nos coutumes , baignent dans notre histoire et en portent tous les parfums . Nous n'avons pas de ruines anciennes en dehors de ce qui reste de Sijilmassa et qui se confond déjà avec la terre qui l'a porté . Le vrai Sijilmassa, sa grandeur légendaire, est dans notre inconscient collectif et se lit dans le regard de nos enfants.
Mosaïque d'hommes et de traditions :
La province d'Errachidia est une véritable mosaïque d'hommes et de traditions, tissée par le temps et L'histoire aux travers des différents échanges, invasion ou mouvement des populations. Et si encore maintenant les particularismes existent, ils sont vivants et participent à la richesse des traditions et à leur diversité.
Même si beaucoup d'entre nous n'ont pas vu la mer de puis le dernier déluge ( qui ne date pas d'il y a longtemps, puisqu'on trouve partout dans cette région des fossiles encore frais ), nous n'en sommes pas moins méditerranéens, avec tous les paradoxes de ces peuples qui ont la gravité des hommes d'expérience et la gouaille de ceux qui en ont tiré les enseignements.
Nous sommes également Africains et le soleil s'est arrangé pour foncer la peau de ceux parmi nous qui ne sont venus du Sud du Sahara ; ces mélanges ont été possibles grâce à un passé fait d'échanges, parfois économiques et culturels, du temps de la splendeur de ce pays qui fut un carrefour, parfois violent et guerrier. Il en est résulte des brassages, comme chez tous les peuples d'ailleurs, mais ici à Errachidia, vous trouvez des traditions et des moeurs différentes.
La variété ethnique est importante et les races de couleurs sont nombreuses : Les noirs d'Afrique, les blancs d'origine Arabe, et les blonds aux yeux bleus, d'origine Berbère. Si les hommes s'habillent généralement de la même manière, selon les régions avec des nuances imperceptibles pour un regard non averti, les costumes des femmes et leur coiffure, mais également leurs conditions de vie, diffèrent d'un point à l'autre de la province et d'une tribu à l'autre.
Il y a un monde entre les "Haïks " noirs des femmes de Rissani et le costume des Ait Morghad , des Ait Atta , des Ait Izdeg ou encore des Ait Hadiddou. Chaque région, chaque tribu a également son dialecte. Les gens de chaque tribu sont reconnaissables à leur langue et à leur accent et chacune possède un héritage oral et poétique riche et varié.
Dr Mustapha TILIOUA - extrait de zizvalley.com -24/7/07